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La Chapelle


Devant la multiplicité des réunions dans le village, les armées du Capitaine de la Haye surprirent et arrêtèrent une quarantaine de personnes, hommes et femmes, en 1701.

Une troupe de Dragons s'installa de 1704 à 1711, dans la maison presbytérale et dans deux demeures du hameau afin de poursuivre les protestants. Les charges d'imposition appauvrirent la population locale, qui malgré les persécutions et les abjurations forcées, demeura majoritairement fidèle aux doctrines calvinistes. Les sources archivistiques mentionnent l'existence d'une église à Sainte Croix de Caderle à partir de la seconde moitié du XVème siècle.

En 1464, Guigon de Montvaillant, seigneur du château de Montvaillant, forteresse implantée sur le promontoire faisant face à l'église, reçut l'acte de rémission de droit d'héritage de son frère, dans le cimetière de Sainte Croix, en présence de plusieurs témoins. L'image de l'église primitive se dessine principalement à travers les plaintes des prieurs, régulièrement identifiés à partir de 1580. Ces derniers établirent plusieurs constats sur les dégradations et les pillages commis dans l'édifice durant la révolte des camisards. Entre 1712 et 1788, les procès verbaux des visites épiscopales et les devis adressés aux consuls révèlent plusieurs campagnes de travaux afin de réparer, selon les volontés des évêques d'Alès, au plus vite l'église pour pratiquer les offices. Des maçons locaux interviennent sur la toiture qui présentait de nombreuses gouttières, sur une chapelle qui est décrite comme étant effondrée, sur les portes et les fenêtres qui apparaissent souvent brisées et sur les enduits endommagés par les infiltrations des eaux de pluie.

Des travaux de restauration sont également exigés par les prélats sur l'ensemble du mobilier liturgique : croix, calices, chandeliers, devants d'autel, bénitiers. Suite à la vente aux enchères des biens de l'Eglise, l'église et le cimetière furent cédés à la commune de Sainte-Croix de Caderle en 1802.

Les fondations de la chapelle romane.

L'édifice actuel, conserve en fondation, les vestiges d'une chapelle romane, édifiée au cours des XIIème-Xlllème siècles. Les maçonneries sont caractérisées par un petit appareillage composé de moellons équarris taillés dans une strate de grès différente de celle des blocs déterminant le bâti du XIVème siècle. Le choeur, les chapelles latérales et une partie de la nef ont été entièrement dégagés au cours des fouilles archéologiques. Si le parement de l'abside demeure conservé, les pierres de taille des chapelles latérales ont été soigneusement démontées et réutilisées lors de la construction de l'église actuelle. L'analyse architecturale permet d'établir une première campagne de reconstruction au cours du XIVème-XVème siècle. L'église présentait alors un plan en croix latine, et comptait deux petites chapelles voûtées en ogives. Suite aux dégradations survenues lors de l'attaque des camisards en 1702, l'église fut rebâtie et réaménagée. Un porche, édifié devant la porte d'entrée au sud, permit l'agencement d'un grenier au-dessus de la chapelle méridionale et de la nef. Un escalier disposé sur la façade ouest, facilitait l'accès aux combles. L'église de la fin du XVIIIème  siècle, ne semble pas avoir été transformée par la suite. Seul un mur de séparation fut construit en 1808 dans le cimetière pour distinguer le cimetière catholique au sud, de celui qui était réservé aux protestants, plus étendu au nord-est.

La découverte d'un chevet préroman

Le bâti primitif découvert sous les fondations de l'église romane, détermine un plan plus ou moins rectangulaire de 2,60 m de large, dans oeuvre, sur 2,10 m de long. Seul le mur implanté'à l'est demeure conservé en totalité et présente une maçonnerie de 0,70 m d'épaisseur. Les moellons,
de moyennes dimensions, ont été grossièrement taillés. En raison de morphologies variées, les lits de pose sont irréguliers malgré quelques tentatives de rattrapage par le biais de cales. Conservés sur une hauteur variant entre 30 et 50 cm, ces murs constituent les premières assises de fondation d'un chevet datant du IXème siècle. Le chevet s'ouvrait, à l'origine, sur une nef vraisemblablement composée d'un seul vaisseau et mesurant au maximum 2,45 m de large sur 8,20 m de long. L'emprise totale de l'édifice n'a pas été déterminée en raison de la destruction des vestiges lors de l'agrandissement de l'église au cours du XIème, XIIème siècle.

La présence d'un autel ?

Les maçonneries préromanes définissent un espace d'une surface actuelle de 5,46 m2. Au centre, se trouve une structure maçonnée, caractérisée par une fosse carrée de 0,60 m de côté et 0,30 m de profondeur, encadrée par un aménagement de dalles disposées à plat et par une pierre monolithe de 1,08 m de long positionnée, en partie, au devant de la fosse.
Cet aménagement désignerait l'emplacement d'un autel aujourd'hui disparu. La dépression accueillait probablement un support d'autel, pilier en pierre ou socle maçonné (?) dont les dimensions demeurent perceptibles en négatif.
La confrontation des données architecturales et historiques tendrait à identifier cet édifice comme étant le premier lieu de culte de la petite communauté établie sur le site de la villam Caderilam, en 892.

Le cimetière.

La présence d'un ancien cimetière a été définie à une cinquantaine de centimètres sous le sol de circulation actuel. A ce niveau, subsistaient plusieurs tombes en pleine terre : une sépulture complète, une sépulture partiellement dégagée et une sépulture tronquée. Parallèlement, deux dépôts contenant des membres inférieurs, et les restes de pieds isolés ont été retrouvés. Aucun élément particulier ne signalait ces inhumations. Les défunts ont été enterrés en pleine terre, dans un linceul. Des épingles de fixation fermaient le linceul au niveau de la tête. Ces sépultures ont pu être datées grâce à la découverte de quelques tessons de céramique et d'une pièce de monnaie en argent, attribuée au pape avignonnais Clément VI (1342- 1352).

Sous ce niveau d'inhumation se trouve un cimetière antérieur, établi au cours des IXème, Xème siècles. Quatre sépultures, Sp 1015, Sp 3032, Sp 3033 et Sp 4000, adossées à l'est du chevet préroman et au sud-est, ont été mises au jour. A l'exception de deux d'entre elles, les tombes ont été endommagées durant la reconstruction de l'église. Une étude détaillée des tombes a permis d'identifier des sépultures en coffre. Les parois de la cuve sont constituées de dalles de pierre posées de chant, tandis que le fond est matérialisé par de grandes dalles rectangulaires. La fermeture était assurée par trois grandes lauzes en grès, disposées bord à bord. Dans la tombe Sp 4000, deux défunts reposaient en décubitus dorsal, l'un au dessus de l'autre.
 
Les cachettes des prieurs de Sainte-Croix de Caderle.

Le démontage du dallage de la chapelle nord a révélé la présence de plusieurs cachettes monétaires. Regroupées par lot de deux, trois, six ou dix-huit pièces, les monnaies étaient dissimulées sous les dalles de pierre ou entre les joints du dallage. De toute évidence, les prieurs ont régulièrement caché une partie des recettes de l'Eglise dans la chapelle, qui servait alors de sacristie.

Des inhumations dans l'église

Selon les archives municipales, quatre prieurs et un notable ont été enterrés dans l'église en 1686, 1738, 1776 et 1779. Les fouilles archéologiques ont, en effet, confirmé l'existence de tombes dans l'abside et au niveau de la chapelle nord. La sépulture d'un jeune enfant, âgé entre 6 et 7 ans au moment du décès, a également été mise au jour au centre de l'abside. Une étude archivistique conduite par Pierre Valette, historien local, a révélé le nom des défunts sans toutefois pouvoir préciser l'identité des sujets. Une église de Sainte-Croix de Caderle conserve l'image superposée des trois églises édifiées entre les IXème et XIVème siècles. Ces découvertes apparaissent exceptionnelles dans la mesure où, d'une part, aucune recherche archéologique dans ce domaine n'a été effectuée dans cette partie de la Salendrinque et d'autre part, la mise au jour d'un bâtiment préroman permet de comprendre l'origine et l'implantation des premiers ordres religieux dans un secteur totalement isolé des Cévennes. Afin de mettre en valeur ce patrimoine, un projet architectural a été réalisé par l'architecte du patrimoine Nathalie d'Artigues. En se rendant au hameau de Sainte-Croix de Caderle, le visiteur pourra ainsi découvrir l'histoire du sanctuaire chrétien de Sainte-Croix de Caderle.

Acte de décès d'un des prieurs de Sainte-Croix de Caderle



Les recherches historiques, architecturales et archéologiques ont été publié dans l'ouvrage « Le sanctuaire chrétien de Sainte-Croix de Caderie, du haut Moyen Âge à nos jours ». En vente en librairie, à la mairie de SI,-Croix de Caderle et dans les points de vente suivants : Buraliste Journaux R. Menviel, Lasalle - Librairie Coularou, St Hippolyte du Fort - Maison de la Presse M. Fossat, SI-Jean du Gard - Maison de la Presse, Anduze - Librairie « La Porte des Mots », Anduze - Librairie Sauramps, Alès et au Musée des Vallées Cévenoles à SI-Jean du Gard.

L'ouvrage peut également être directement commandé à la mairie de Ste Croix de Caderle.